À quel moment la vitesse qu’indique l’odomètre devient-elle indécente? La firme 9ff, dont la renommée en matière de personnalisation automobile n’est plus à faire, a conçu cette voiture (en plus de la doter d’un plancher de bois, rien de...
À quel moment la vitesse qu’indique l’odomètre devient-elle indécente? La firme 9ff, dont la renommée en matière de personnalisation automobile n’est plus à faire, a conçu cette voiture (en plus de la doter d’un plancher de bois, rien de moins) afin de l’opposer à la crème des voitures sport. Mais qu’en est-il vraiment?
28 septembre 2011, par Nick Hall
Près de l’aéroport de Dortmund, sur une route somme toute assez ennuyante, les roues arrière tentent désespérément de tenir la cadence des roues avant et des flammes – sans parler d’un boucan d’enfer – s’échappent des tuyaux d’échappement. Il me semble alors, du moins pendant une fraction de seconde, que cette quête de puissance et de vitesse brute est allée trop loin.
Puis, les roues arrière, chaussées de pneus 325/30R19 Continental ContiSportContact Vmax, s’accrochent et retrouvent une partie de leur traction, les deux turbos Garrett T35 se mettent de la partie et le monde qui m’entoure explose littéralement. De nos jours, il ne reste que bien peu de voitures véritablement intimidantes… mais soyez assurés que la 9ff GT9R en fait partie.
Qu’est-ce qu’une 9ff?
Les Porsche 911 qui sortent des usines du préparateur allemand 9ff ont la réputation d’être démesurément rapides, comme en fait foi le nombre incalculable de records de vitesse qu’ils détiennent. Cette firme a déjà installé un moteur de 1200 ch. dans une GT3, alors quand Jan Fatthauer, le patron de la boîte, a décidé qu’il avait exploité tout le potentiel de la 911 de base et qu’il désirait bâtir sa propre voiture, nous savions que le résultat n’aurait que très peu de choses en commun avec un panier pour faire l’épicerie.
De la phase de conception initiale à la voiture que s’arrachent maintenant les consommateurs aux quatre coins de la planète, la 9ff GT9-R aura pris six ans de la vie de Jan Fatthauer. Elle ressemble vaguement à une Porsche GT1, coûte 550 000 $ et est équipée d’un moteur complètement fou de 1120 ch. si vous optez pour ce modèle.
En ce qui a trait à la puissance et au comportement aérodynamique, le fabricant offre trois options. Mais, comme le dit Jan Fatthauer lui-même, c’est le moteur de 750 ch. qui convient le mieux à la course sur piste. Ses clients, quant à eux, ne peuvent tout simplement s’empêcher d’opter pour la version la plus puissante – et la plus démesurée.
Et que dire de sa capacité à pulvériser les records de vitesse! Il y a quelques années, les préparateurs et quelques fabricants spécialisés tentaient à tour de rôle de franchir le cap des 400 km/h. Bien que la GT9-R y soit arrivée, Bugatti et SCC l’avaient déjà surpassée. En un sens, Fatthauer n’avait plus à subir cette pression, ce qui lui a donné l’occasion de se consacrer à la conception d’une voiture beaucoup plus complète.
Cette voiture se trouve d’ailleurs devant moi, dans l’énorme hangar de Dortmund, et elle est époustouflante, avec ses teintes de noir et d’or. Il faut admettre que ses lignes ne sont pas conventionnelles, le devant étant tronqué pour améliorer le comportement aérodynamique. Quant à l’arrière, on dirait qu’il a avalé une Audi TT.
Opposée à la crème des voitures sport
Si c’est une voiture racée au sens habituel du terme que vous recherchez, des fabricants comme Lamborghini, Pagani et Koenigsegg se feront un plaisir de prendre votre commande. La firme 9ff fait bande à part, elle repousse les limites des tendances et conçoit des voitures brutales, que seuls les pilotes les plus convaincus peuvent conduire. Avec eux, tout passe par la performance.
Cette voiture s’adresse aux gens qui en ont assez de conduire des Bugatti, des Pagani et des GT2, et qui sont à la recherche d’un bolide plus « personnel ». Il s’agit évidemment d’un groupe très restreint de consommateurs, mais dont la dévotion et le goût de la puissance ne se démentent pas.
À seulement 1400 kg, cette supervoiture est un véritable poids plume. En fait, elle dispose de la même puissance que la Bugatti Veyron, mais pour un poids 30 % inférieur. Ajoutez à cela un système à propulsion ainsi qu’une boîte de vitesses truquée (avec commandes au volant) et vous obtenez une voiture au comportement très différent. À ce chapitre, parions que les prochaines générations de Ferrari et Lamborghini seront dotées de cette boîte de vitesses.
Appuyons sur l’accélérateur, pour voir…
Disons qu’il est préférable d’avoir les deux mains sur le volant, car le moteur de la GT9-R semble sur le point de s’envoler dès que j’effleure la pédale de l’accélérateur.
Avec autant de puissance à sa disposition, sans oublier que Jan Fatthauer a lui-même admis que la moindre erreur pourrait s’avérer fatale, je fais preuve de discrétion au cours des premiers kilomètres du trajet.
La bête feule à bas régime, comme si aller à si basse vitesse l’enrageait. La pédale d’embrayage de course est très rigide et la voiture vibre légèrement jusqu’à ce qu’elle prenne son erre d’aller. Le volant est facile à manier et l’avant se compare à celui d’une GT3, mais je suis incapable d’oublier la bombe atomique qui se tapit sous mon pied droit.
Puis, quand j’arrive à me convaincre d’enfoncer légèrement l’accélérateur, la voiture me rappelle tout de suite à quel point elle est puissante en faisant déraper les roues arrière et en m’assenant un véritable coup de crosse derrière la tête.
Qu’a-t-elle dans le ventre?
La GT9-R peut atteindre le cap des 100 km/h en à peine 2,9 secs, des 200 km/h en 7,4 secs et des 300 km/h en 14,9 secs. Elle peut donc dépasser sans peine la Bugatti Veyron, surtout lorsque la vitesse est supérieure à 100 km/h.
Cette pensée à elle seule fait froid dans le dos, mais n’oubliez pas qu’à seulement 550 000 $, cette voiture capable d’atteindre une vitesse maximale de 418 km/h représente une très bonne affaire. Sans compter que vous battrez à plate couture à peu près n’importe quelle autre voiture en situation de course.
Génétiquement modifiée
Le moteur provient d’une Porsche 911 turbo de type 996, qu’on a converti en moteur de quatre litres, le diamètre des cylindres est métallisé au chalumeau à plasma, des pistons de métal forgé sont montés et les turbos viennent en dernier.
Pendant les tests initiaux, le temps qu’on ait déterminé les bonnes proportions de Nikasil et de carbone pour le revêtement des pistons, quatre moteurs avaient déjà rendu l’âme. Mais avec une telle puissance (300 ch. par litre), ça n’a rien de bien surprenant. Et dire que BMW se vantait il n’y a pas si longtemps d’avoir atteint une puissance nominale de 100 ch. par litre…
Sans surprise, Jan Fatthauer a continué à dévaliser l’atelier de Porsche; le système d’antipatinage à l’accélération en grande partie modifié provient d’une GT2 , l’avant – qui a déjà subi tous les essais de collision imaginables – provient d’une GT3 et même le tableau de bord un rien décevant est semblable à celui qu’on retrouve dans la Boxster de base.
La GT9-R peut toutefois compter sur une foule d’autres éléments pour plaire aux amateurs de voitures. Par exemple, le toit en carbone monocoque représente à lui seul un défi technique. D’un autre côté, le plancher en contreplaqué est autrement plus facile à produire, mais comme le dit Jan Fatthauer, il est ainsi plus léger, plus solide et de meilleure qualité que s’il avait été fait de fibre de carbone.
En fait, cette voiture est un amalgame pour le moins inhabituel de technologies de pointe et de solutions techniques abordables. Mais l’objectif est tellement noble qu’on ne peut s’empêcher de l’aimer.
Si la compagnie devait vendre des centaines d’unités pour faire ses frais, elle aurait un sérieux problème, la GT9-R étant tout simplement trop spécialisée, trop puissante et trop terrifiante pour rejoindre une grande clientèle. Or, 9ff n’en produira que 20 au total, et il doit y avoir au moins 20 acheteurs de par le monde assez blasés pour s’ennuyer au volant de leur Veyron, de leur Zonda ou de leur Agera, qui sont à la recherche d’une nouvelle source d’adrénaline et qui disposent d’un budget suffisant pour s’offrir un tel jouet.
S’ils arrivent à la maintenir sur la route assez longtemps pour l’apprécier, ils ne regretteront pas leur achat.
Et oui, les phares arrière proviennent d’une Toyota Camry…
Spécifications techniques
Prix : 550 000 $
Puissance/Couple : 1120 ch./774 lb-pi
Transmission : Séquentielle à six rapports avec commandes au volant
0 à 100 km/h : 2,9 secs
Vitesse maximale : 418 km/h
Consommation d’essence : Vous faut-il vraiment le demander?
Contenu connexe:
Commentaires récents